Le paradoxe stratégique dans la guerre contre le terrorisme djihadiste au Sahel

Résumé

Résumé :

Le paradoxe stratégique dans la guerre contre le terrorisme djihadiste au Sahel, nait de la tension entre l’ambition affichée d’éradiquer la menace terroriste dans cette région et la stratégie de puissance déployée par les acteurs internationaux, qui structure leur engagement dans ce contexte d’extrême fragilité des Etats sahéliens.  Cette posture de puissance, sous le prétexte de la nature asymétrique du conflit, est opérationnalisée par les « light footprint operations », dont le fondement est la prise en compte des risques politiques intérieurs, consécutifs aux pertes humaines et financières dans des conflits extérieurs n’engageant pas leurs intérêts vitaux, face à une opinion publique devenue hostile à la guerre. Pourtant, la guerre contre le terrorisme djihadiste au Sahel n’est autre chose qu’une guerre de contrôle qui, non seulement nécessite une présence consistante des troupes au sol, se déroule dans un contexte stratégique très généreux, favorable aux groupes terroristes djihadistes en termes de liberté d’action et d’initiative. La mobilisation des apports combinés des théories néoréaliste et constructiviste sécuritaire, d’une part, et d’un syncrétisme raisonné des méthodes comparative et géopolitique, d’autre part, ont permis d’aboutir à une approche analytique et critique de cette question dans ce contexte particulier. Les données exploitées sont issues de diverses sources, primaires et secondaires, dont des entretiens semi directifs avec des Officiers supérieurs actifs des Forces de Défense et de Sécurité des pays sahéliens. Leur discours parait le mieux informé sur cette situation conflictuelle. Cette combinaison méthodologique, à la fois analytique et critique, a conduit à un renouvellement empirique : la globalité de la menace djihadiste appelle à une stratégie intégrale qui remet au centre la souveraineté sécuritaire des pays locaux.

Mots clés : Guerre, paradoxe stratégique, terrorisme djihadiste, asymétrie.

Abstract :

The strategy paradox in the war against jihadist terrorism in the Sahel region stems from the conflict between the ambition to eradicate the terrorist threat in the area and the power strategy used by international stakeholders, which structures their engagement in a context of extreme fragility of local states.  This stance, based on the argument of the asymmetric nature of the conflict, is operationalized through ‘light footprint operations’, whose rationale is to cope with domestic political contingencies as Western public opinions have become hostile to conflicts that do not involve their vital interests and result in human and financial losses. Yet the war against jihadist terrorism in the Sahel is nothing more than a war for control, which does not only call for a significant presence of troops on the ground, but also takes place in a very favourable environment for jihadist terrorist groups as regards freedom of action and initiative. The new realistic and constructive security theories combined contributions, on the one hand, and a rational syncretism of comparative and geopolitical methods, on the other hand, have resulted in an analytical and critical approach to this issue in this particular context. The information used comes from a variety of primary and secondary sources, including interviews with active senior officers from the Defense and Security Forces of Sahel countries. Their viewpoint seems to be the best on this conflictive situation. This methodology, which is both analytical and critical, has led to an empirical approach: the global nature of the jihadist threat calls for a comprehensive strategy that focuses on the security sovereignty of Sahel states.

Key words : War, strategic paradox, jihadist terrorism, asymmetry.